Protection contre les chutes
A. Quand faut-il utiliser des équipements de protection individuelle contre les chutes?
Il faut mettre à disposition et utiliser des EPI contre les chutes lorsque les travailleurs courent un risque de chute. Ces équipements servent à assurer les travailleurs contre le risque de chute.
Priorisation des systèmes: | |
1. Système de retenue | » Empêche l’accès à l’arête de chute |
2. Système de maintien au poste de travail | » Empêche les chutes libres |
3. Système d’arrêt de chute | » Empêche l’écrasement au sol |
B. Quels sont les équipements de protection individuelle contre les chutes disponibles sur le marché et quel est leur rôle?
Les EPI contre les chutes reposent sur la combinaison des différents maillons de la «chaîne d’assurage», à savoir:
1. Point d’assurage
2. Absorbeur d’énergie
3. Longes, cordes d’assurage
4. Mousqueton
5. Harnais antichutes
6. Casque avec jugulaire
1. Harnais antichutes
2. Mousqueton
3. Corde
4. Système de réglage de la longueur ou
antichute à coulisseau
Les points d’ancrage absorbent l’énergie générée par la chute.
En tant qu’élément des EPI contre les chutes, l’absorbeur d’énergie sert à réduire la force de choc qui s’applique à l’ensemble de la chaîne d’assurage à l’arrêt de la chute. En règle générale, on utilise des absorbeurs dont les sangles ont une telle capacité de charge qu’elles peuvent amortir la chute. La force de choc est réduite jusqu’à un niveau médicalement tolérable (env. 6 kN max.). Ainsi, la chaîne d’assurage complète, dont fait partie le corps du travailleur assuré, est moins sollicitée.
En cas de chute, les antichutes à rappel automatique retiennent les travailleurs équipés d’un harnais antichutes. La hauteur de chute est ainsi limitée et la force de choc réduite. Les équipements permettent au travailleur qui les porte de se déplacer librement dans le rayon autorisé par la longueur de la corde ou de la sangle. Avantage: le travailleur assuré bénéficient d’une grande liberté de mouvement et n’a pas besoin de régler l’appareil en permanence.
Les cordes utilisées sont soit des cordes tressées en spirale, soit des cordes tressées et gainées à faible coefficient d’élongation. Ces dernières sont composées d’une gaine de protection et d’un noyau porteur. Par rapport aux cordes tressées en spirale, elles présentent l’avantage d’être protégées contre les influences nuisibles (encrassement, rayons UV) par une gaine.
Les antichutes mobiles (antichutes à coulisseau) permettent de maintenir les longes (cordes) tendues quelle que soit la position du travailleur assuré. Ces tendeurs sont mobiles et font partie de la longe.
Les ceintures de maintien sont des sangles qui enserrent le corps. Lorsqu’elles sont utilisées conformément aux prescriptions, elles retiennent les travailleurs qui tombent en distribuant la force de choc à la région sous-pelvienne du corps de sorte que le corps reste suspendu en position verticale. Une ceinture de maintien doit être impérativement composée d’une sous-fessière et d’une ceinture de sécurité.
1. Anneau d’arrêt dorsal
2. Anneau d’arrêt sternal
3. Manille de suspension du point central
4. Anneaux de la ceinture de maintien
5. Bretelle
6. Ceinture de maintien
7. Sangle de jambe avec coque semi-rigide
Important:
Aucun système d’arrêt de chute ne doit être raccordé à la manille de suspension du point central et aux anneaux d’arrêt (p. ex. antichute à rappel automatique, absorbeur d’énergie). Toute chute risque d’entraîner des lésions de l’appareil locomoteur!!
Les antichutes font partie intégrante des EPI contre les chutes. Ils sont généralement montés sur des échelles ou des étriers d’accès, et ils sont composés d’antichutes qui coulissent le long de câbles ou de rails de guidage. Ce dispositif d’arrêt de chute assure les travailleurs contre les chutes lorsqu’il est raccordé au harnais antichutes via une corde d’assurage.
1. Corde d’assurage
2. Absorbeur d’énergie − harnais antichutes
3. Antichute à coulisseau
C. Que faut-il particulièrement prendre en compte lors de l’utilisation d’équipements de protection individuelle contre les chutes?
Une chaîne est aussi forte que son maillon le plus faible! C’est pourquoi, il est indispensable de traiter chaque élément individuel avec la même attention.
Les points d’ancrage doivent être à même d’absorber l’énergie générée par la chute d’un travailleur. C’est la raison pour laquelle, il est interdit d’utiliser comme points d’assurage, les tuyaux d’installations, le mobilier, les cadres de fenêtres, les chauffages et les conduites. Règle empirique: utiliser uniquement les points d’ancrage auxquels vous arrimeriez également votre voiture!
Il faut fixer les longes de sorte qu’elles ne puissent pas se détacher involontairement des dispositifs d’assurage. Les longes équipées d’un absorbeur d’énergie doivent être fixées de façon à ne pas entraver le fonctionnement de l’absorbeur d’énergie.
Il faut éliminer les absorbeurs d’énergie qui ont des sangles déchirées!
Lorsque le point d’ancrage d’un antichute à rappel automatique ne se situe pas au dessus du travailleur à assurer, celui-ci doit être conçu par le fabricant pour une utilisation horizontale!
La corde peut également entrer en contact avec l’arête d’un bâtiment. Le fabricant doit préciser que la corde peut résister à cette contrainte (protection contre les arêtes vives).
Il est interdit d’utiliser un antichute à rappel automatique lorsqu’on travaille sur des matériaux en vrac ou des supports semblables pouvant se dérober sous le travailleur ou l’ensevelir. Le fonctionnement de l’antichute à rappel automatique est semblable à la ceinture de sécurité dans les voitures automobiles qui ne se bloquent qu’en cas de mouvement brusque. Lorsqu’on bouge régulièrement et lentement, les cordes suivent le mouvement. Lorsque le matériel en vrac commence à se dérober, le mouvement n’est pas brusque. L’antichute à rappel automatique ne peut donc pas se bloquer et le travailleur risque d’être enseveli.
La durée de vie des cordes et leur rigidité sont diminuées par les matières ou les influences ci-après:
- les acides (même peu agressifs), les bases, les huiles, les solvants
- les étincelles
- les températures élevées (> + 60 °C)
- les basses températures (< – 10 °C)
- les arêtes plus ou moins vives (dans ce cas, il faut utiliser des longes avec des boucles d’ancrage appropriées.)
La durée d’utilisation de la corde dépend des conditions d’utilisation. Il faut dans tous les cas observer les recommandations du fabricant. Une corde ne devrait pas être utilisée plus de 4 à 6 ans. Lors de contraintes importantes (altérations dues à des salissures ou des agents chimiques), il faut les remplacer plus rapidement.
Lorsqu’on utilise des antichutes à coulisseau, on peut réduire la hauteur de chute, assurer un travailleur à un point quelconque de la longe et le suivre tout au long de sa progression, p. ex. lors de l’ascension de poteaux ou d’échelles. Les antichutes à coulisseau sont en particulier conçus par rapport aux diamètres des cordes. C’est pourquoi, il faut toujours vérifier qu’ils sont adaptés aux dimensions de la corde à utiliser!
Les divers éléments de la chaîne d’assurage ne doivent être raccordés qu’au moyen de mousquetons. Les nœuds ne doivent être faits que par des spécialistes formés en conséquence. Il faut toujours assurer les mousquetons contre leur ouverture intempestive (mécanismes à ressorts, visserie ou dispositifs de sécurité appropriés). La rigidité suffisante des mousquetons n’est assurée que lorsqu’ils sont sollicités dans le sens de la longueur et complètement fermés. Les mousquetons ayant déjà subi une force de choc élevée (hauteur de chute de 2 à 3 m), doivent être éliminés du fait du danger de fissures microscopiques et par conséquent d’une perte de rigidité.
Comme harnais antichutes ne sont tolérés que les modèles combinant des sangles présternales et des sangles enserrant les cuisses. D’autres types de sangles, telles que les ceintures de maintien, les sangles ventrales ou présternales, sont interdites.
Les harnais antichutes seront choisis en fonction des mensurations corporelles. Il faut notamment veiller à ce que les sangles de jambes soient bien serrées. A cet effet, il convient de faire des essais et de les tester (suspension d’un travailleur). Lors de cet essai, il faut veiller à ce que le travailleur concerné ne soit jamais seul afin de pouvoir l’interrompre en tout temps.
Suivant les conditions d’utilisation, la durée d’utilisation d’un harnais antichutes est d’environ 6 à 8 ans. En cas de soumission à des contraintes plus fortes, il faut contrôler le matériel plus souvent et le remplacer le cas échéant. Facteurs nocifs: voir sous «cordes».
Lorsqu’un travailleur reste durant quelque temps suspendu à un harnais antichutes, son appareil respiratoire et ses organes internes peuvent être endommagés. Si un travailleur blessé demeure suspendu et immobile pendant plus de vingt minutes, il faut dans tous les cas contacter le service des opérations de sauvetage, qui doit être sensibilisé aux dangers du trauma de suspension / choc orthostatique.
Lorsqu’on utilise des antichutes, les longes entre le rail et le harnais ne doivent pas dépasser 30 cm.
Lors d’une chute (chaîne d’assurage), la distance théorique de chute est toujours plus longue. Celle-ci se compose de:
- coefficient d’élongation de la corde (il peut être de 20 % dans certains cas exceptionnels)
- longueur de déchirement de l’absorbeur d’énergie (jusqu’à 1,75 m)
Lors de travaux à faible hauteur, il faut impérativement observer cet allongement! Il est en outre particulièrement important de veiller à ce que le point d’ancrage se trouve au-dessus du travailleur.
Une force de choc est générée dès une hauteur de chute inférieure à 1 m. C’est pourquoi, il faut impérativement utiliser les harnais antichutes avec un absorbeur d’énergie à partir d’une hauteur de chute supérieure à 0,5 m! Pour les hauteurs de chute plus élevées, il faut utiliser des antichutes à rappel automatique ou des réducteurs de corde.
Conformément aux conditions d’utilisation et d’exploitation, les EPI contre les chutes doivent faire l’objet d’un contrôle régulier ou sinon, au moins une fois par an. Cet examen sera réalisé par un spécialiste. Les parties des EPI qui sont soumises à de fortes contraintes (p. ex. sur les chantiers) seront contrôlées plus fréquemment.
L’utilisateur doit toujours contrôler si les EPI ne présentent pas de défauts visibles avant de les utiliser.
Les réparations sur les maillons individuels de la chaîne d’assurage ne seront effectuées que par le fabricant ou par du personnel spécialisé (en savoir plus).
Le fournisseur d’antichutes doit être informé de manière détaillée sur les conditions d’utilisation des équipements.
Ouvrages de référence et informations complémentaires: voir complément.